A la fin des années 1980, l'État de Vaud planifie la construction d'un nouvel hôpital de zone à Sully, un terrain de la Commune de la Tour-de-Peilz, pour remplacer les hôpitaux de Vevey et Montreux. Mais ce projet ne verra jamais le jour.
Chronologie
02. L'Échec de Sully - film - 10 min.
Numéro du document
0_1
Date
17.03.24
Lieu
Tour-de-Peilz
Thématique
Fusions des hôpitaux et projets avant l’HRC
Option d’un hôpital unique de soins aigüs pour la Riviera et le Chablais avec les deux antennes de Vevey et de Monthey
Option d’un hôpital unique de soins aigüs pour la Riviera et le Chablais avec les deux antennes de Vevey et de Monthey
Type
Vidéo
Transcription
Aujourd'hui dans la région Riviera-Chablais, un seul grand hôpital de soins aigus est au service de la population, le centre hospitalier de Rennaz. Mais retournons dans le passé. Au début des années 60, neuf établissements de soins vaudois et valaisans sont dispersés sur cette même région. Ils ont été fondés entre le 19ème et le début du 20ème siècle. Certains seront transformés en EMS ou en centre de traitement et réadaptation et d'autres vont fusionner. Alors, au début des années 60, l'état de Vaud décide de repenser l'organisation du système hospitalier autour de l'hôpital cantonal qui deviendra le CHUV. Pour ce faire, le service de la santé publique mandate des sociologues qui sont chargés de réaliser une planification hospitalière. La première du genre qui sera publiée en 1966, l'esprit qui guide ce travail n'est pas tellement de remettre en cause le développement du système hospitalier, mais de l'organiser. Donc, pour ce faire, ils préconisent la séparation du territoire en huit zones sanitaires. Dans chacune de ces zones, un hôpital unique deviendra l'hôpital de référence dans le domaine des soins aigues. Malgré ce projet d'hôpital de référence par région, dans la Riviera, rien n'est défini, les hôpitaux gardent leur statut et ne subissent que de faibles transformations jusqu'à la fin des années 70. Mais à partir de 1982 et durant quatre ans, l'hôpital du Samaritain à Vevey sera agrandi et modernisé pour 23 Millions de francs. A côté, à Montreux, on désire aussi se transformer. Les grandes manœuvres au fond, elles ont commencé quand on a fini la transformation du Samaritain parce que l'état a dit : les Montreusiens ont droit maintenant à pouvoir disposer d'un nouvel hôpital. Et c'était le projet de Baugy, dont l'architecte Snozzi avait gagné le concours. Et donc le projet que l'architecte tessinois Luigi Snozzi propose, est beaucoup plus grand que prévu et il est même qualifié de monumental par certains. Et puis au fond, l'état s'est mis à réfléchir une fois qu'ils ont vu le projet qui était beau et ils ont décidé de bloquer ce projet pour essayer de rapprocher les hôpitaux de Montreux et du Samaritain. Et c'est comme ça qui est venu le projet de Sully. En 1991, l’Etat de Vaud lance donc l'idée de créer un nouvel hôpital de zone de référence pour la région Riviera sur la parcelle de Sully dans la commune de La-Tour-de-Paix. Et il mandate le même architecte Luigi Snozzi. Quand l'hôpital de Sully - Quand l’état a décidé de faire cet hôpital de Sully, l'etat était assez bien doté en argent. C'est pour ça qu’e Lausanne disait d’être prêt à mettre beaucoup, c'était 160 Millions, l'hôpital de Sully. Pour à peu près 160 lits. Donc, au fond, on a dû à ce moment là se rapprocher avec Montreux pour mettre au point cet hôpital. Et on est allé jusqu'au stade de la mise à l'enquête du plan d'affectation cantonal qui se faisait autour du projet de Monsieur Snozzi. Alors, le projet d'hôpital de Sully suscite pas mal de contestations dès le début. Elle concerne surtout l'architecture et notamment la tour qui est jugée beaucoup trop grande. Mais plus globalement, ces oppositions concernent l'implantation d'un hôpital dans un quartier résidentiel. Politiquement, le projet est fortement ébranlé en 1993, lorsque la population veveysanne refuse la participation financière de la ville à ce projet. Et à ce moment là, on peut dire que le projet Sully se trouve dans un état proche de la mort clinique. Et puis, d'autre part, et ça, je pense que c’est surtout ça qui a tué ce projet, les finances de l'état sont devenues catastrophiques et il était tout content de n'avoir plus à mettre à disposition des montants importants pour cet hôpital de Sully qui était malheureusement très beau. C’est dommage. J'avais décidé que Sully était mort, mais qu'il fallait que ça soit eux qui se rendent compte qu'il étaient mort. C'était une question pédagogique, aussi de faisabilité politique. Et alors je ne voulais pas, vu l'expérience qui consiste à dire si Lausanne décide, tout le monde est contre, je ne voulais pas le faire. Mais personnellement, j'avais décidé que Sully ne se ferait pas. Simplement j’ai laissé les gens s'en rendre compte. Et comme j'avais dit à mes collaborateurs, on attend qu'ils annoncent le décès et nous viendrons faire le constat de décès. L'hôpital de Sully, on est allé jusqu’aux plans d’affectation. On avait les plans de l'architecte Snozzi, on a dépensé 14 millions. J'ai signé pour 14 millions de bons de paiement pour cet hôpital qu'on a mis à la poubelle. Un grand hôpital de zone ne se réalisera donc pas à Sully. La prochaine stratégie pour économiser de l'argent de l'état va être la fusion de plusieurs établissements, au moins au niveau administratif. Une de ces fusions là aura lieu dans le Chablais entre l'hôpital valaisan de Monthey et celui d’Aigle sur sol vaudois. Alors donc le Chablais coexiste deux hôpitaux qui se font face et qui sont séparés par quelques kilomètres, celui d’Aigle dans le canton de Vaud et celui de Monthey dans le canton du Valais. Ces deux hôpitaux ne collaborent presque pas durant la majeure partie du XXe siècle parce qu'ils sont gérés de manière indépendante et surtout parce qu'ils sont implantés dans deux cantons différents. Cet état de choses est bouleversé au milieu des années 90 par plusieurs facteurs, notamment la crise des finances publiques qui pousse les cantons à mettre en place beaucoup de mesures d'économie et puis l'entrée en vigueur de la LAMAL, la loi sur l'assurance maladie, qui rend plus difficile l'hospitalisation des patients hors de leur canton de résidence. Alors dès lors, l'activité de ces deux hôpitaux commence à baisser ce qui pousse les directions à se rapprocher et à envisager une collaboration. Et elle se concrétise en 1997 par l'entrée en vigueur de la convention de libre circulation des patients. Je crois qu'en Suisse, c’était un des de rares hôpitaux, l'hôpital d’Aigle et celui de Mothey qui envisageaient de fusionner, mais arrivé aussi par la force des choses. Je crois que les contraintes mises en place par la nouvelle LAMAL qui fixait des taux d'occupation de sauf erreur à 84 % par service, il y avait le problème d'attribution des disciplines médicales. Si on n'arrivait pas à un certain standing de pratique médicale, la discipline était retirée. Ça veut dire qu'à brève échéance, tant qu’à Aigle que Monthey, on aurait pu comment dire en bon français fairer boutique. Donc en 1998 la fusion administrative des hôpitaux d’Aigle et de Monthey est effective et devient un hôpital multisite. Du côté Riviera, les hôpitaux vont être également contraints de fusionner au niveau administratif. Dans la Riviera, après l'échec du projet Sully, la situation est assez incertaine. Mais ce dont on est sûr, c'est qu'il va falloir construire un nouvel hôpital pour la région. Le conseil d'état et Claude Ruey, le chef du département de la santé, mandatent une société qui est chargée d'évaluer les meilleurs scénarios pour l'avenir sanitaire de la région. Cette société publie en 1995 son rapport qui préconise la création d'un hôpital multisite, à savoir le maintien d'activité sur l'ensemble des sites avec rassemblement en une seule entité de l'administration et du collège des médecins. Tant pour ce nouvel hôpital de la Riviera résultat de cette fusion que pour l'hôpital du Chablais nouvellement créé, il avait été dit que un hôpital nouveau serait construit à terme. Les deux régions Chablais et Riviera pensaient qu'elles seraient dotées d'un nouvel hôpital dans un laps de temps qui était pas déterminé, mais qu'on pouvait imaginer à 10, 15 ans. Mais la création de deux grands nouveaux hôpitaux va coûter cher, ce qui n'arrangeait pas Charles-Louis Rochat, ancien Conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé. Évidemment, je me rappelle, j'avais, j'avais le tiers du budget de l'état, donc 2 milliards. Et puis on avait 400 millions de déficits par année. Donc, lorsqu'il s'est agi de faire des économies, évidemment, comme on aime trouver, écoute, voilà, il faut trouver, il faut trouver 100 millions et il fallait trouver aussi en santé publique et dans le social. Donc, vraiment des difficultés qui étaient sérieuses. C'est peut être une période de crise, comme on l'a dit, économique et financière, mais dans les périodes de crise, c'est aussi l'occasion de faire des grands changements. L'idée d'un seul hôpital pour les deux régions émerge à la fin des années 1990 et se précise particulièrement en 1998, lorsque les deux cantons mandatent une société, Ernst et Young, pour mener une étude relative à divers scénarios concernant l'avenir sanitaire des deux régions. Plusieurs scénarios sont envisagés. Donc celui du maintien des deux multisites dans chacune des deux régions, celle de la construction de deux hôpitaux indépendants dans chacune des deux régions, et puis celle d'un seul hôpital pour la région de la Riviera et le Chablais. Et c'est finalement ce scénario, ce dernier scénario, celui de l'hôpital monosite pour les deux régions, que le rapport préconise lors de sa publication en 2000. L'idée de créer un hôpital unique pour la région Riviera-Chablais est donc lancée et ne se réalise que 19 ans plus tard avec l'inauguration du Centre hospitalier de Rennaz en 2000. Mais si le projet de Sully avait réussi, est-ce que l'hôpital de Rennaz aurait vu le jour ? Alors Rennaz ne se serait certainement pas fait dans ces conditions-là, il y aurait eu une diminution du nombre d'hôpitaux qui aurait remplacé Vevey et Montreux. Mais effectivement, on n'aurait pas eu le grand regroupement qui se retrouve aujourd'hui à Rennaz. Ça, c'est incontestable.
07.05.18
Images drone des travaux de l'Espace Santé Rennaz - clip - 1 min.
Le chantier de l'Espace Santé Rennaz.
07.10.97
Convention Vaud - Valais pour l'Hôpital du Chablais et la libre circulation des patients vaudois et valaisans
Convention entre d'une part l'Etat de Vaud et l'Hôpital de Zone d'Aigle et d'autre part l'Etat du Valais et l'Hôpital...
01.10.00
Rapport d'octobre 2000 - "Etude de divers scenarii d'organisation liés aux hôpitaux aigus de la Riviera et du Chablais" - Cap Gemini Ernst & Young connu sous "Rapport ATAG"
Le rapport recommande qu'un hôpital unique devrait être construit pour les besoins du bassin de population des districts de Vevey,...
